smb_movie01

Super Mario Bros. Le Film

⏱ 5 minutes

1992, Mario est plus populaire que Mickey, il symbolise à lui seul le jeu vidéo 🎮 et devant un tel succès, forcément, il fallait un film. Mais comment arriver à retranscrire l'univers du célèbre plombier et le Royaume champignon, plutôt appropriés à un bon dessin-animé, avec des acteurs de chair et de sang ? C'est l'exercice délicat auquel s'est risqué réalisateur Rocky Morton. Et ce n'est un secret pour personne, il l'a complètement raté.

En dehors de quelques notes du thème de la série en guise de générique de début, les noms de Mario, Luigi, Daisy, Koopa et quelques autres personnages ou éléments du jeu, le film n'a finalement pas grand-chose à voir avec le jeu. Il va même nous offrir un beau défilé d'incohérences. Commençons déjà par le duo Mario et Luigi, incarnés respectivement par Bob Hoskins, au sommet de sa carrière après son rôle dans Who Framed Roger Rabbit ?, et un certain John Leguizamo, que l'on retrouvera plus tard dans Land of the Dead, qui n'a aucune crédibilité. Si l'on peut trouver quelques ressemblances au niveau du personnage de Mario, le Luigi, lui est complètement raté. Sans moustache, il donne plus l'impression d'être le fils un peu benêt que le frère de Mario. Les deux comparses travaillent comme plombiers dans un New-York où une méchante grande entreprise capitaliste les double à chaque reprise et leur vole leur travail. Quelque peu hors propos, pour une adaptation d'un jeu vidéo considéré par certaines personnes voyant le mal partout comme une ode au capitalisme (à cause du déroulement "aller de l'avant en accumulant le plus d'argent possible et en écrasant ses adversaires").

Le film se base sur une histoire de mondes parallèles complètement foireuse. Notre monde a vu la race des dinosaures s'éteindre, alors qu'ils ont survécus dans un monde parallèle. La race a évolué et pris forme humaine. Après destitution du bon roi, le tyran Koopa a pris le contrôle de ce monde, et veut récupérer la Princesse, envoyée dans notre monde à la naissance, ainsi qu'un morceau de météorite (celle qui a cause la disparition des dinosaures de notre planète et la création de ce monde parallèle donc, vous suivez ?) afin de fusionner les deux mondes et les conquérir. Car ce qui est dommage dans le monde des dinos, c'est qu'il n'y a qu'une grande ville, puis un désert sans fin sur l'ensemble de la planète.

Point de Princesse Peach dans l'histoire toutefois, mais une Daisy qui s'évade de Super Mario Land pour atterrir aux côtés de Yoshi et un Mario fiancé à une certaine Daniela, sans doute trouvée sur le trottoir en face de son appart de Brooklyn. C'est donc Luigi qui va quelque part prendre le rôle principal, en s'amourachant de la petite Daisy. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que la charmante demoiselle n'est en fait qu'un dinosaure évolué né dans un œuf importé du monde parallèle avant éclosion. Intéressant n'est-ce pas. A noter le père de la petite a été "désévolué" en mycose. Dès lors, on pourra trouver une autre incohérence fortement douteuse. Comment une évolution de champignon peut s'accoupler avec une évolution de dinosaure et pour donner naissance à une évolution de dinosaure ? Mais n'y prêtons pas attention. Après tout, ce film s'adressait à un public plutôt jeune, qui n'ira pas chercher la petite bête plus loin.

Oubliez le Royaume Champignon que vous connaissez, et découvrez une ville futuriste façon Blade Runner du pauvre, sous le joug du terrible Koopa. Un Koopa qui, en forme humaine ne ressemble à rien (à part à ce pauvre Dennis Hopper qui aura sans doute regretté longtemps avoir signé pour ce rôle), comme l'ensemble du casting du reste. En particulier les personnages féminins, qui, exception faite de Daisy, ressemblent à de vulgaires filles de joie au rabais. Elles font toutefois ton sur ton avec le décor pseudo cyberpunk bon marché. Cette impression de réalisation au budget limité fait d'autant plus effet lorsque les personnages dégainent des armes et que l'on découvrira des Superscope repeints en noir pour l'occasion, ou des minis Bob-Omb tout simplement ridicules. Je ne vous parlerai pas des Goomba non plus qui n'ont de Goomba que le nom.

Pris au premier degré, ce film a toutes les qualités pour figurer parmi les plus gros navets de l'histoire du cinéma. Au second degré, l'on pourrait trouver amusant le scénario complètement absurde et la manière dont ils ont réussi à faire un film avec un jeu dont l'histoire tient en une ligne. Abordé comme une adaptation de la licence Mario, il n'y a pas d'autres mots, c'est un massacre. Tout au long du film, ils prennent quelques rares éléments, s'en servent n'importe comment, et finalement peu importe, pourvu que les enfants voient Mario, Luigi et quelques références à leur univers sur le grand écran. La seule chose bien là-dedans, et c'est malheureux de le dire, c'est la fin. D'une part parce que ça s'arrête (et dieu sait que ça fait du bien quand ça s'arrête), mais surtout car le film se termine en laissant une grosse porte ouverte à une suite qui, pour notre plus grand bonheur, n'aura jamais vu le jour. Et là, tout est dit.

Mis à jour le 09 septembre 2015 -